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lundi 31 décembre 2007

Saint Sylvestre (Un conte de Micheline)

Retrouvailles

Saint Sylvestre. C’est jour de fête et pourtant, elle avance le dos courbé comme un condamné à mort. Elle avance à petits pas, elle les suit.

Elle aurait pu rester à la maison avec Bobonne et ses deux neveux pendant qu’ils allaient au spectacle mais elle s’est laissée entraîner. Ils sont sept. Ils ont réservé huit places pour la revue de fin d’année. Ils espèrent rire un bon coup avant de rentrer à la maison manger des huîtres, boire du champagne et se raconter de vieilles blagues.

Elle les suit. Ils ne semblent pas avoir eu peur de son chagrin d’amoureuse éconduite… Ils ont pris de l’avance. Elle presse le pas. Du parking jusqu’à la salle de spectacle, il y a presque dix minutes de marche.

Elle n’a pas vu le temps passer. Elle s’installe déjà dans son fauteuil. Elle jette un coup rapide à la salle. À côté d’elle, le siège est vide. Ils attendent Thérèse, l’invitée de dernière minute, celle qui va occuper la place de son ex. Une collègue de sa belle-sœur, une femme que la vie n’a pas épargnée, une personne que son ancien scout de frère a probablement invitée pour faire sa dernière BA de l’année.

Thérèse arrive. Elle porte une robe en satin tout à fait démodée. Elle a un nœud du même rouge que sa robe dans ses cheveux poivre et sel permanentés. Elle n’est pas jolie et vit seule. Veuve depuis six mois. Ils ont fait deux fois faillite. Son fils unique vit à des milliers de kilomètres de là. C'est elle l’invitée de dernière minute. Pourtant, elle sourit. Elle babille, elle dit : « Vous êtes tous en beauté ce soir. C’est formidable comme cette salle a été joliment restaurée.» Elle s’extasie à propos de tout et de rien, des spots, du confort des sièges, des stucs, des plis du rideau de scène.

Le spectacle commence et Thérèse rit de bon cœur.

Elle qui vit son premier chagrin d’amour, il lui semble que le monde s’est écroulé !

Après le spectacle, ils rentrent à la maison. Thérèse joue avec les gamins, elle arrive même à mêler Bobonne au jeu de charade.

Thérèse rayonne.

Elle, à vingt-six ans, elle occupe un poste intéressant et elle tire la tête parce qu’un garçon, qu’elle connaissait depuis quelques mois, a décidé de rompre leur relation.

Elle avait décidé de ne boire que de l’eau mais elle boit une petite coupe parce qu’elle n’ose pas résister à la main tendue de Thérèse. Elle a horreur des jeux de société mais elle s’est mise à jouer avec Bobonne et les gamins tandis que Thérèse prend des photos.

« Comme c’est bon d’être en famille… » La phrase de Thérèse lui fait soudain prendre conscience de sa chance d’avoir une famille sur laquelle elle peut compter.

Elle va aider sa belle-sœur à garnir les plats avec les huîtres que son frère vient d’ouvrir. Elle s’affaire. Elle oublie… Elle se reprend en main. Elle réalise que cette semaine de congé, cette sorte de léthargie qu’elle a vécue, ce n’était pas la meilleure chose qui lui était offerte pour faire le deuil d’un début d’histoire d’amour !

À table, elle est assise à côté de Thérèse qui lui parle de son défunt mari, un homme entreprenant qui se relevait chaque fois après un coup dur, un battant « comme tous les Mollard d’ailleurs… »

Elle, elle se souvient de Grégoire Mollard, ils ont fait leurs études ensemble puis il s’est jeté à l’eau en lançant une petite entreprise d’informatique à l’autre bout de la ville. Cela fait des mois qu’elle n’a plus aucune nouvelle de lui.

Elle dit juste : « Grégoire Mollard, c’est de votre famille ? »

« Oui, c’est même mon filleul. C’est le fils cadet de mon beau-frère. Pour réussir, il a réussi, sauf en amour… Sa fiancée l’a lâché…»

Elle n’est plus seule au monde à connaître des problèmes sentimentaux. Elle se fait une promesse, quand son chagrin sera un peu estompé, elle va contacter Grégoire, mais aussi Armand, Jessica, Dominique, Caroline et Simon, ses anciens camarades de cours avec lesquels elle a jadis passé de si bons moments.

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