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samedi 15 décembre 2007

Variation sur la Genèse, chapitre VII

En ce 15 décembre 2007, ce conte écrit en moins de deux heures a valu un "coup de coeur" du Jury du Concours de Contes de Surice en 2004.

LES MOUCHES DE NOÉ

Savez-vous pourquoi les mouches ont la fâcheuse habitude d'ennuyer les autres animaux ?

C'est une très vieille histoire…
Je vous parle d'un temps que les moins de cent ans… Même les centenaires ne l'ont pas vécu, ce temps-là.

"Sem, Cham et Japhet, allons-y mes enfants ! Il n'y a pas une seconde à perdre, après ce qu'"Il" m'a raconté ! Allez les filles entrez, entrez et tassez-vous au fond, près de mon bureau. Il y a encore du monde à faire monter à bord !"

C'est ainsi que Noé, mais, vous l'aviez tous reconnu, parle à sa marmaille.

C'est vrai que ça se bouscule au portillon de l'arche. C'est vrai que tous les animaux veulent rentrer et comme Noé n'a pas distribué de ticket…

"Les plus gros au centre, sinon, on va chavirer avant d'être parti. Les girafes aux fenêtres, le cou à l'extérieur, ce sera toujours ça de gagné. Faites attention aux petits, ne leur marchez pas dessus ! Doucement les lions, je sais que vous avez faim… il fallait prendre un petit en-cas avant de partir !"

Cela avance plus ou moins vite. Les tortues se font aider par les lièvres, les escargots ont pris place dans la poche des kangourous. Les poissons semblent ravis d'enfin retrouver leur milieu naturel. Les oiseaux se perchent sur le portemanteau, les lampadaires, les bouteilles du bar, les lustres, le moulin à café, le pot à lait, le vase en cristal du Val Saint Lambert, le frigo, le buffet Henri IV, la télévision, les clenches de porte, la grande pendule… Il y a en même un qui est posé sur le cadre avec la photo de mariage de Monsieur et Madame Noé.

Tout cela nous éloigne bien des mouches, me direz-vous ? Et bien non, j'y viens aux mouches…

Noé fait monter à bord les deux sortes de mouches qui existaient à l'époque, les noires et les blanches. Les noires sont telles que vous les connaissez, les blanches ne s'en distinguent que par leur couleur. Au moindre rayon de soleil, le blanc éclatant de leur corps les fait repérer très vite par les hirondelles, les caméléons et autres fourmiliers. Elles sont donc particulièrement vulnérables et Noé tient à ce qu'elles soient aussi bien traitées que les autres animaux. On leur trouve donc une petite place, dans la boîte à bijoux d'une des filles du capitaine. Elles s'y sentent bien et en sécurité.

Les zorilles (animaux puants) entrent à leur tour, après tous les autres, prétextant leur habitude d'être les derniers animaux par ordre alphabétique dans le dictionnaire.

"1, 2… 3331, 3332, 3333… Le compte est bon !"

Noé ferme la porte. Et Dieu fait pleuvoir. Un jour, deux jours, trois jours…

Noé a le temps de finir son puzzle de deux mille pièces représentant un esquimau albinos sur la banquise, Madame de terminer les chaussettes qu'elle tricote pour le mille-pattes et sa petite famille. Les garçons sont arrivés au bout du 99e niveau des Aventuriers de l'Arche Perdue sur leur Game Boy et les filles ont épuisé les mille et une possibilités de vêtir et de dévêtir leur Barbie ou leur Ken préféré.

Les premiers jours, personne ne se plaint trop : "On est bien un petit peu serré mais ça va ! Attention à mes pattes ! T'aurais pu te brosser les dents avant de partir !"

Rien de bien grave. Seulement après une trentaine de jours, certains commencent à revendiquer : "Du pain, des pommes, des poires et des scoubi…" Non, pas de scoubidous !

"Des légumes ! De la viande ! Des légumes ! De la viande ! Des légumes ! De la…"

Déjà, à l'époque, les végétariens se faisaient entendre et les carnassiers aussi !

"Il n'y a plus ni viande ni légumes !" Noé est formel, son frigo est vide et la révolte gronde.

"Je vais pêcher et essayer d'attraper quelques poissons. Eux, ils sont dans leur élément et beaucoup plus nombreux !"

Noé prend sa toute nouvelle canne, celle que Madame Noé lui a offert pour son anniversaire et laisse pendre le fil pendant de longues heures. Pas la moindre touche.

"Il me faudrait un appât à mettre à l'hameçon ?"

"La mouche, la mouche…"

Tout le monde est d'accord pour sacrifier cette mouche qui vole partout et qui les ennuie plus que tout.

Noé s'exécute, il prend la mouche noire, l'attache délicatement à son hameçon et lance sa ligne…

Rien, il n'attrape rien, ni à bâbord, ni à tribord, ni à la proue, ni à la poupe !

"Noé, mon mari, tu es sot. Cette mouche est noire et les poissons ne la voient pas avec ce temps à ne pas mettre un animal dehors !"

Noé récupère la mouche noire qui est certes trempée mais bien vivante et décide d'utiliser la mouche blanche.

Bonheur ! Les poissons se précipitent. Et que je te lui attrape une aile, un bout de son abdomen, un œil, une patte. Noé est content et la moitié de sa ménagerie mange à sa faim.

Au tour de la seconde mouche blanche qui y passe aussi pour le bien commun.

Pour continuer le festin, certains ont bien pensé peindre les mouches noires avec de la peinture pour plafond, mais Dieu, dans son infinie sagesse, en a décidé autrement et la pluie a cessé !

Quand tout le monde a retrouvé la terre ferme, Dieu a demandé des comptes à Noé qui a bien dû admettre le sacrifice des deux mouches blanches pour nourrir la communauté.

C'est ainsi que les mouches blanches ont disparu à tout jamais et qu'il ne reste plus que des mouches noires, les descendantes de nos deux mouches qui, pour se venger des animaux qui ont voulu les sacrifier, les ennuient toujours depuis ce temps-là !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Alors cette histoire là, j'adore.

Merci...une autre Monsieur.

Anonyme a dit…

J'ai toujours adoré ce conte surtout quand tu nous le racontes et que tu fais la mouche.