Les "incitants" : Un ticket de l'expo 58, une carte postale représentant un immeuble futuriste, une phrase de début obligatoire : "Cela n'a pas l'air de t'émouvoir..." Un titre :"Racines", voila de quoi m'inspirer...
Racines
"Cela n'a pas l'air de t'émouvoir" me dit-elle en remettant le livre dans la bibliothèque. Et ceci, qu'en penses-tu ? Elle me tendit un livret jauni, le catalogue de l'expo 58 à Bruxelles.
Je l'ai pris avec précaution comme une relique précieuse. Les souvenirs me revenaient en pagaille, l'Atomium, les pavillons des USA et de Russie, face à face, les fontaines,les glaces, ah les glaces tricolores... !
Devant moi défilaient des centaines d'images de joie, de soleil, de futur flamboyant, de paix, de technique, de progrès. Les toiles de Salvador Dali de l'Espagne, la machine à faire des vagues des Hollandais et surtout la flèche du génie civil qui était à l'origine du choix de métier que je ferais bien plus tard, architecte.
C'est vrai qu'à douze ans, on accumule les métiers futurs et parfois le métier que l'on exercera n'a jamais fait partie de la liste !
Dix ans après, je sortais de l'école avec un beau diplôme qui allait me permettre de gagner ma vie. L'expérience acquise, je me suis lancé dans de grands projets qui n'ont jamais vu le jour. Un méchant virus attrapé en Afrique m'a peu à peu rongé la vue jusqu'à me rendre non pas aveugle mais suffisamment mal voyant pour m'empêcher de continuer à travailler.
Certes, le cabinet fonctionnait bien sans moi mais finis les châteaux en Espagne, comme on dit. Fini aussi le projet "Bâtiment de la Paix", un immense complexe de plus de trois cents appartements où chacun devait se sentir chez soi. Une idée géniale qui m'était venue et que la municipalité avait décidé de soutenir en me laissant carte blanche. Moi, maintenant, c'était plutôt canne blanche qui me convenait...
J'ai reposé le catalogue sur la table, je lui ai souri et elle a pris mes mains dans les siennes pour une longue étreinte. Je suis sûr que tous les souvenirs qui venaient de refaire surface, elles les avaient vécus en même temps que moi.
Quelques mois après, pour mon anniversaire, elle m'offrait une simple petite enveloppe blanche. Quand je l'ai ouverte, un petit carton orange en est tombé. Je l'ai ramassé et je l'ai approché très près pour pouvoir lire. J'ai d'abord cru à un billet de cinéma puis j'ai pu déchiffrer les gros caractères : "EXPRESS EXPO 58". En se tenant derrière moi, elle a continué à lire : "Ticket valable pour une course. Les organisateurs déclinent toute responsabilité... "
Alors, on y va ? lui ai-je dit.
Où ça ?
Mais visiter l'Atomium, pardi. Bruxelles n'est pas si loin !
Je l'ai pris avec précaution comme une relique précieuse. Les souvenirs me revenaient en pagaille, l'Atomium, les pavillons des USA et de Russie, face à face, les fontaines,les glaces, ah les glaces tricolores... !
Devant moi défilaient des centaines d'images de joie, de soleil, de futur flamboyant, de paix, de technique, de progrès. Les toiles de Salvador Dali de l'Espagne, la machine à faire des vagues des Hollandais et surtout la flèche du génie civil qui était à l'origine du choix de métier que je ferais bien plus tard, architecte.
C'est vrai qu'à douze ans, on accumule les métiers futurs et parfois le métier que l'on exercera n'a jamais fait partie de la liste !
Dix ans après, je sortais de l'école avec un beau diplôme qui allait me permettre de gagner ma vie. L'expérience acquise, je me suis lancé dans de grands projets qui n'ont jamais vu le jour. Un méchant virus attrapé en Afrique m'a peu à peu rongé la vue jusqu'à me rendre non pas aveugle mais suffisamment mal voyant pour m'empêcher de continuer à travailler.
Certes, le cabinet fonctionnait bien sans moi mais finis les châteaux en Espagne, comme on dit. Fini aussi le projet "Bâtiment de la Paix", un immense complexe de plus de trois cents appartements où chacun devait se sentir chez soi. Une idée géniale qui m'était venue et que la municipalité avait décidé de soutenir en me laissant carte blanche. Moi, maintenant, c'était plutôt canne blanche qui me convenait...
J'ai reposé le catalogue sur la table, je lui ai souri et elle a pris mes mains dans les siennes pour une longue étreinte. Je suis sûr que tous les souvenirs qui venaient de refaire surface, elles les avaient vécus en même temps que moi.
Quelques mois après, pour mon anniversaire, elle m'offrait une simple petite enveloppe blanche. Quand je l'ai ouverte, un petit carton orange en est tombé. Je l'ai ramassé et je l'ai approché très près pour pouvoir lire. J'ai d'abord cru à un billet de cinéma puis j'ai pu déchiffrer les gros caractères : "EXPRESS EXPO 58". En se tenant derrière moi, elle a continué à lire : "Ticket valable pour une course. Les organisateurs déclinent toute responsabilité... "
Alors, on y va ? lui ai-je dit.
Où ça ?
Mais visiter l'Atomium, pardi. Bruxelles n'est pas si loin !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire